La lumière se fait rare, le soleil approche de son niveau le plus bas, le vivant est au ralenti et rentre peu à peu en sommeil pour plusieurs semaines. L’année se termine, c’est certainement une occasion de faire un point, de se poser, de regarder le chemin parcouru.
Les épreuves initiatiques
Le but n’est pas de flatter l’égo ni de se faire peur mais plutôt de réfléchir ensemble. Il y a quelques temps nous avons eu la chance d’être initié et nous avons subi des épreuves, réalisé des voyages dont le but était de nous mettre sur la route qui conduit à la Vérité. Alors où en êtes-vous sur cette route, percevez vous déjà un éclat de Vérité…
Je vous pose cette question car personnellement vos regards, nos échanges me font réaliser le chemin parcouru. Je ne perçois pas de vérité particulière, je pressens certaines réalités, je prends conscience de certaines idées.
La force de la communauté
Sans notre communauté d’esprits contradictoires, il n’y a point de prise de conscience. Dans le monde profane, les managers qui ont un rôle d’animateur de troupes utilisent sans modération l’expression « seul on va vite, à plusieurs on va plus loin ». C’est une tournure en vogue mais qui exprime malgré tout une réalité que nous explorons régulièrement ensemble.
Le sujet de ce soir est très intéressant à plusieurs égards. Il nous permet justement de faire, non pas un bilan, mais un point d’étape à l’occasion de cette fin d’année. Aussi je serai bref dans mon introduction et souhaite par ces quelques lignes vous inviter tous, à prendre part à la discussion, à faire circuler la parole et à enrichir la perception de notre démarche.
Rituels et symboles
L’instruction du grade nous dit que « les épreuves ont consisté en trois Voyages destinés à me montrer la route qui conduit à la Vérité ».
Ces voyages et ces épreuves nous ont mis face aux éléments. Les coups de maillet sur la poitrine, les purifications par l’air, l’eau, le feu nous ont frappés dans notre corps et ont bousculé notre esprit. Obscurcis par un bandeau, nos yeux ne peuvent pas voir, notre sens principal, la vue, ne peut percevoir l’information que nous renvoie la lumière. Par notre chair et par nos sens, nous prenons conscience de la réalité qui nous entoure.
La perception de la réalité
Le récipiendaire entend, sent, goûte, touche, ressent. Sa perception sensorielle est en éveil. Il se met en mouvement, il s’anime et se met en action : c’est le principe du nombre 3 qui caractérise le degré d’apprenti. Ce que je ressens dans ce principe c’est un mouvement qui donne naissance à une prise de conscience. C’est ainsi que je ressens le principe du 3. Le 1 représente l’unité du tout, pressenti et hors de portée, l’impensable et l’inimaginable. Le 2, quant à lui, constitue un blocage, une résistance, pour l’accident, l’incident, un probable effet de Murphy. Et le 3 symbolise le mouvement, la prise de conscience de l’action du 1 sur le 2. De cette conscience s’anime une volonté, une envie : c’est l’action consciente.
Chez les Hébreux le 3 est associé à la lettre Gimel. La forme de cette lettre s’inspire des Camélidés, Chameaux/Dromadaires. Dans les régions arides, cet animal est le vaisseau du désert. Malgré la rigueur de ces régions, il est en mouvement. Les dromadaires de bât se caractérisent par leur endurance ; ainsi ils sont capables de faire face aux épreuves difficiles sur les routes désertiques qu’ils empruntent.
La route est un lieu de passage, un espace de déplacement, une transition d’un lieu vers un autre ou d’un état vers un autre. Cette notion, cette idée, ce concept de voie propice au déplacement n’est pas l’apanage de l’homme.
La Transcendance et la Vérité
Lorsque l’on regarde le monde du vivant, de nombreuses espèces animales empruntent des chemins habituels. Les fourmis, comme les grands herbivores, construisent des voies claires qui se matérialisent par de véritables sentiers. D’autres espèces, comme les oiseaux migrateurs ou les poissons, utilisent les forces magnétiques, véritables routes invisibles qui guident leurs déplacements.
La route, étymologiquement associé au chemin, au sentier, se distingue de la via romaine dans le mot latin rupta. On entend rapidement la différence d’idée que propose les deux termes. Si le premier – la via – est là pour mener d’un point à un autre, le second – Rupta – se rapproche d’une idée de rupture, de brèche, de couper à travers et d’ouvrir en force.
C’est certainement dans ce sens que les épreuves auxquelles le récipiendaire fait face le secouent au point de créer en lui un schisme avec le monde profane et lui permettent une mise en mouvement par la prise de conscience, la rupture qu’il provoque.
Est-ce que cet évènement, vécu par chacun de nous lors de notre entrée en loge, nous mène tous à vivre les mêmes choses, à se mettre en mouvement dans la même direction ? A la manière des Romains pour qui, tous les chemins mènent à Rome, toutes les routes initiatiques mènent-elles à la Vérité ?
Quelle est cette Vérité : celle dont on ignore l’existence mais qui nous pousse vers l’avant, que l’on soupçonne comme étant le point central invisible d’un cercle et qui nous pousse à frapper à la porte du temple. Le principe 5 de notre charte nous aide, un peu : il nous dit que le rôle que s’impose une communauté Initiatique est de permettre l’initiation des Sœurs et des Frères et de les accompagner sur le chemin de la Connaissance grâce à la Tradition, au moyen des Rituels et du travail symbolique partagé.
A mon simple niveau, ce qui m’anime avec cette idée c’est la notion d’idéal, d’un but au-delà qui inspire une envie peut-être un prétexte, un principe animateur de volonté.
Ce que je pressens, c’est que la démarche que nous mettons en place se fait de manière altruiste sans que le résultat de nos actions nous donne accès à nos espérances. C’est une tâche inachevée des anciens et qu’il incombe à chaque génération de poursuivre…Combien de fois entendons-nous les plus anciens nous dire qu’une vie ne suffirait pas pour accéder au terme de notre chemin initiatique. Le rituel MM, récemment entendu, propose même la phrase suivante au récipiendaire en lui disant : « Mortel audacieux, qui sans être purifié osez pénétrer jusqu’ici, apprenez que vous ne pouvez entrer dans le temple de la Vérité que par la mort ».
J’ai l’impression que la Vérité est une idée abstraite en contradiction avec la notion de rupture bien réelle et qui nous anime. La route est une réalité, un aspect dont le point de vue dépend du cherchant, c’est un aspect relatif qui cherche à atteindre un absolu.
Jusqu’à présent, j’utilise le terme réalité là où d’habitude j’aurais dit vérité. En écoutant quelques podcasts, émissions, je me suis rendu compte de cet écart. Bien souvent on associe ces deux termes, pourtant il y a bien une différence. D’un côté il y a le réel, le monde, la perception, le point de vue, le concret, la réalité comme la pointe de l’épée sur le sein, qu’il ne voit pas mais qu’il sent. Et de l’autre, il y a la Vérité, qui est notre objectif notre but à atteindre.
La Vérité est comme ce qui est au-delà de…, ce qu’on ressent dans l’esprit et qu’il est difficile d’exprimer, la transcendance peut-être… La Vérité est peut-être le prétexte insufflé par l’agent vivant en nous pour nous permettre de nous confronter à la réalité, celle du chemin qui nous propose de vivre finalement une vie d’homme en rupture avec le monde profane passif à sa condition d’homme…
Chez les manichéens, la Vérité était associée à la lumière… La quête de la vérité impliquait la recherche de la Connaissance et de la Sagesse pour transcender le monde matériel et atteindre un état de pureté spirituelle.
Avant de laisser court à nos échanges, je voudrais terminer quand même avec une phrase d’un célèbre scientifique aux cheveux blancs et qui nous enseigne finalement un propos assez fort en disant que : « là où nous allons, nous n’avons pas besoin de route », c’était en 1985, par Docteur Emmett Brown.
Pour continuer à cheminer :
Approfondissez votre compréhension de la quête spirituelle en Franc-Maçonnerie. Partagez vos expériences et réflexions pour enrichir notre voyage collectif vers la vérité.
Voici quelques pistes :
Méditation et réflexion personnelle : Consacrez du temps à la méditation et à la réflexion personnelle. Essayez de comprendre votre propre définition de la vérité et comment elle se rapporte à votre vie.
Lectures et études : Lisez des livres ou des articles sur la philosophie, l’ésotérisme, et la spiritualité. Cela peut inclure des textes maçonniques, mais aussi des œuvres d’autres traditions spirituelles et philosophiques.
Étudiez les traditions ésotériques : approfondissez vos connaissances en Franc-Maçonnerie, Kabbale, Alchimie, et autres sagesses pour enrichir votre parcours spirituel.
Pratique des rituels : Si vous êtes membre d’une loge maçonnique, engagez-vous activement dans les rituels. Concentrez-vous sur leur signification symbolique et ce qu’ils révèlent sur la vérité.
Application des enseignements dans la vie quotidienne : Essayez d’appliquer les principes et les enseignements que vous apprenez dans votre vie quotidienne. Cela peut aider à ancrer votre quête de la vérité dans des expériences concrètes.
Exploration de la Transcendance : Participez à des activités qui favorisent l’expérience de la transcendance, telles que l’art, la musique, ou d’autres formes de création et d’expression.
Ouverture d’esprit : Gardez l’esprit ouvert aux différentes définitions et interprétations de la vérité. Reconnaître la diversité des perspectives peut enrichir votre propre compréhension.
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