Notre vénérable m’a demandé d’aborder et de vous faire partager un sujet de réflexion qui est un des fondements de notre communauté initiatique : l’engagement maçonnique.
Il y a eu une vie avant la maçonnerie et avant les autres sociétés initiatiques et bien des gens se sont donc engagés avant nous et de façons diverses. En franc-maçonnerie où la symbolique règne en maître, le terme aura bien évidemment plusieurs significations. C’est tout d’abord un terme que nous utilisons d’une manière similaire à d’autres organisations comme lorsque l’on s ‘affilie à une association, que l’on y paye une cotisation, y signe un règlement et participe activement à la vie de ce groupe. C’est par définition un acte par lequel on s’engage à accomplir quelque chose, une promesse, un contrat par lequel on se lie. C’ est mettre en gage. Les questions du jour seront donc symboliquement parlant :
Comment et avec quels outils et pour accomplir quoi?
Y a t il un contrat et envers qui se lie-t-on?
Et que met on en gage?
Je fais volontairement une différence entre l’engagement dans une société initiatique et l’engagement profane. Ne mélangeons pas non plus l’engagement maçonnique et l’engagement en franc maçonnerie qui n’est pas le sujet du jour.
L’impétrant ne sait finalement pas dans quoi il se lance, son engagement est personnel, parfois trouble mais nécessairement doté de l’espérance de trouver la clé du ou de son mystère, de combler un vide gardé tel quel dans l’attente assurée de trouver cette existence sacrée et de réveiller le sacré enfui en lui. Il a été rencontré, enquêté, s’est renseigné. Il a été mis au courant de la charte et de ses principes qui sont la première partie du contrat qu’il va devoir respecter. Il accepte et s’engage sur la voie qui le mènera à son initiation. Lors de celle-ci il devra s’engager dans un souterrain étroit qui le mènera plus tard dans le déroulement de la cérémonie à devoir s’agenouiller devant l’autel des serments afin d’entendre et lire la formule du serment qu’il conclura pas un : « je le jure ». C’est la deuxième partie du contrat et son premier contact avec ce qu’il y a de caché, son premier rapport entre le sacré et ce qui ne l’est pas. Le bandeau une fois levé, la promesse pourra commencer à prendre tout son sens.
Le voilà donc en trois coups de cuillère à pot, averti, en état de conscience , surement de son inconscience et de son ignorance mais doté d’un pouvoir impalpable qu’il devra apprivoiser.
Le voilà franc-maçon, illuminé, engagé à respecter des promesses dont il est averti que sa tête ne tiendra plus qu’à un fil s’il se perdait…Serait-ce donc sa tête qui est mise en gage? Celle qui représente son identité , qui renferme ses passions , son intelligence. Celle d’où émerge ses facultés sensitives et cognitives? Celle qui abrite sa pensée et son esprit? Heureusement Il lui a été donné la dernière volonté du condamné, celle de choisir de renaître à lui même. Il lui est donné la possibilité d’être différent, de faire ses premiers pas en symbolique. Ce qui est mis en gage est cette nouvelle vie et toutes les possibilités qui lui sont offertes, accessibles, découvrables qui peuvent lui permettre par le travail d’élargir ses horizons et ceux de ses frères et soeurs.
Avoir la tête tranchée c’est donc coupé le corps en deux, symboliquement séparer la partie spirituelle de la partie exécutante ou se voire priver de l’accès au sacré. C’est en d’autres termes couper court à tout espoir de pouvoir retrouver le 1. Car l’engagement maçonnique est bien là. Un travail sur soi afin de recouvrer la liberté de son être. Ce travail peut se concevoir comme un voyage au travers des lettres nombres hébraïques. Un parcours rythmé par le Yod Hé Waw Hé, cette énergie indispensable qui nous permet de sans cesse nous renouveler et de pouvoir pactiser avec le divin. D’autres moyens sont entre les mains de l’initié comme l’ésotérisme, l’alchimie, la symbolique, la géométrie. Ce travail sur soi est indéniablement profitable à celui qui l’entreprend mais il se doit d’être mis au service de la communauté initiatique. L’engagement maçonnique est donc un engagement envers le soi, le moi mais également envers la loge. Notre tâche est noble et n’aurait aucune valeur si nous la gardions pour nous et nous avons la responsabilité de la faire vivre à l’extérieur du temple. Nous nous engageons à être une pierre de l’édifice sur laquelle les frères et le soeurs pourront s’appuyer. En conscientisant cela l’initié se sentira comme une partie intégrante du temple, une pierre vivante, parente de ses semblables mais libre et liée aux autres par la fraternité et le travail.
L’engagement maçonnique est peut être résumé symboliquement par cette phrase prononcée par le vénérable: prenez place mes Frères et mes Soeurs. Pour moi l’engagement maçonnique est la volonté active symbolisée par le choix de parcourir le bon chemin en boîtant plutôt que le mauvais en courant.
Le constat est que la tâche est ardue et qu’il y a beaucoup d’irréductibles passions à apprivoiser alors mes Frères et mes Sœurs je terminerai en vous disant comme les légionnaires romains d Uderzo et Goscinny: engagez vous , réengagez vous ils disaient.
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