La Vérité

Phare symbolisant la recherche de la vérité, situé sur un îlot rocheux, avec un paysage marin et montagneux en arrière-plan sous un ciel partiellement nuageux.
Comme un guide sur le chemin de la sagesse, ce phare solitaire éclaire la route des chercheurs de vérité.

La quête de vérité est un périple initiatique au cœur de la Franc-maçonnerie, où symboles et traditions se mêlent pour dévoiler un chemin vers la sagesse et la vertu, invitant chaque chercheur à une introspection profonde pour transcender sa quête personnelle.

J’aurais pu introduire ma réflexion par ce verset de l’Evangile de Jean : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui écoute ma parole et croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ; et il ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (V-24). J’aurais pu, et en fin de compte, c’est bien ce que je fais !

Toutefois, au lieu de me jeter sur le premier Jésus Christ qui passe, j’aurais pu tout simplement vous proposer ces quelques mots : « À la vitesse où le temps passe, le miracle est que rien n’efface l’essentiel ». (La Robe & l’Échelle- Francis Cabrel)

Alors, Jean ou Francis ?

Peu importe. Peu importe Jean ou Francis, Jean-Jacques, Simon, Isabelle, Denis ou Michelle, Gerard, Karine, Bernard, Odile ou Eric, Thomas, Michel, Julien, Agnès, Vincent ou Fred. Peu importe car tous, tous sont effectivement sur le chemin qui mène à la Vérité.

J’ai bien pris soin de ne point parler de « route qui conduit à la Vérité », car cette expression est textuellement tirée de l’Instruction du 1er degré du REAA. Et tout compte fait, à ma grande surprise, le mot « Vérité » n’est jamais inscrit ni prononcé dans notre 1er grade du RFM de 1783. Pour autant, et sans travestir l’esprit de ce rite, pouvons-nous croire que l’idée derrière le mot est bel et bien présente tout au long du parcours du Français Moderne ?

Et bien, je le pense fermement.

Les Vertus Maçonniques : Un Chemin de Perfectionnement

Et je vais tenter de vous le montrer, à commencer par ces paroles du Vénérable de la loge, durant les Trois Voyages de Réception. Je cite : « Nous avons voulu rendre sensible à votre esprit l’effet de la constance à suivre le chemin de la vertu ».

Cette phrase est d’une importance capitale car, si nous l’analysons correctement, elle suppose que la constance n’est point elle-même une vertu, mais qu’elle permet de suivre le chemin de la vertu. Ne doit-on pas comprendre, dans cette expression qui sonne comme une maxime, que la vertu est un objectif, un but à atteindre, et que pour ce faire, le Maçon doit acquérir un certain nombre de qualités morales ?

Des qualités morales que nous nommons aujourd’hui « vertus », certes, mais de manière maladroite, car dévoyant notre objectif initiatique. Les langues sont évidemment vivantes et nous le savons bien, les mots et leurs sens évoluent au gré des modes de vie établis par nos sociétés. Et lorsque nous évoquons les vertus, nous pensons aisément aux « vertus cardinales », aux « vertus théologales », ou bien aux « vertus maçonniques », à chaque fois codifiées selon une norme bien spécifique.

Nous pensons à « l’éthique de la vertu », nous pensons à Socrate, à Saint Thomas d’Aquin, à Spinoza, à Kant ou encore à J.J. Rousseau… et nous voilà noyés sous une profusion de points de vue philosophiques, sous une chape de principes moralisateurs qui, disons-le, laisse le Maçon perplexe de peu qu’il ait choisi pour lui-même une démarche ésotérique.

Reposons-nous donc la question : quel sens pouvons-nous donner à ce « chemin de la vertu » ? Est-il comparable à « la route qui conduit à la Vérité » ?

À l’âge classique, les vertus sont déjà des qualités humaines mais dont on ne peut oublier l’origine : « appellata est ex viro virtus » disait Cicéron. Traduction : la vertu a tiré son nom de vir. Et vir est la marque de l’homme mâle, de la virilité, de la fécondité et, par extension, de tout ce qui est mené à bout. En remontant dans des temps plus archaïques, la notion de vertu est bien plus divine qu’humaine. Elle est la force de l’accomplissement, une énergie « cosmique » qui travaille inlassablement pour la beauté et l’harmonie, une énergie virtuelle (toujours la même racine), autrement dit, une énergie potentielle au service de la perfection.

Les grecs de l’Antiquité nommaient la vertu arété (ἀρετή), c’est-à-dire l’excellence.

Et je dois ici m’arrêter pour vous parler de cette racine ar qui a construit une multitude de mots dans nos langues indo-européennes. Aristos, l’adjectif de notre vertu arété, a construit le mot aristokrateia, qui se voulait être un modèle de gouvernance fondée sur une « hiérarchie de devoirs », et exercée par les meilleurs, ceux qui aiment et possèdent la Connaissance. On sait ce qu’est devenue l’aristocratie : une filiation élitiste assoiffée de pouvoir.

L’Harmonia (ὰρµονία), qu’il n’est point besoin de traduire, est encore construit sur cette même racine ar, même si dans notre langue ce mot a revêtu un h trompeur. Disons-le une fois pour toutes, cette racine dépeint toujours l’action d’ajuster parfaitement, de rendre les choses justes et parfaites, pourrait-on dire !

Allez, en dernier exemple, le mot latin ars, ou art dans notre langue, qui, en complément de sa définition première « d’adaptation parfaite », ajoute la notion de reliance et d’assemblage. Si l’on devait ici et maintenant définir en quelques mots l’Art Royal, et bien on ne trouverait pas mieux : « Assembler ce qui est épars par la connaissance des énergies cosmiques à l’œuvre, et dans le but d’ajuster parfaitement nos actions ».

Voilà sur quoi s’est construite originellement la vertu et voilà pourquoi le Maçon porte ici une épée : parce qu’il est « le vengeur de la Maçonnerie et de la vertu » (Cérémonie de Réception, paroles du Vénérable à l’attention du Récipiendaire qui vient de recevoir la Lumière).

L’Esprit de la Tradition Hébraïque en Franc-maçonnerie

Si vous ne m’avez toujours pas entendu parler de langue hébraïque et de l’esprit sémitique, c’est que bien évidemment je gardais le meilleur pour la fin ! Et puis, il faut également reconnaître que le mot vertu à proprement dit ne trouve pas de traduction en hébreu ancien. En revanche, ce que je peux vous certifier, c’est que l’ensemble des idées que je viens d’évoquer concernant la vertu au travers d’un modus vivendi de tradition, est contenu dans un seul nom de la langue hébraïque… Amen…

Voici le nom qui caractérise toute la sagesse de la tradition hébraïque.

Voici le nom qui contient dans sa racine primaire à la fois le chemin et le but que tout

cherchant s’est promis à lui-même et à sa communauté.

Voici le nom qui a traversé les âges, les pays et les langues sans aucune traduction, comme si les Hommes avaient pressenti en lui un joyau qu’il ne fallait point toucher.

Si Amen, pour le commun des mortels, est uniquement une interjection servant à ponctuer une prière, c’est qu’on nous a dit qu’il signifiait « Ainsi soit-il ». Or, ce nom, et ceux développés à partir de la même racine, évoquent toujours les notions de fermeté, de stabilité, de fidélité et d’accomplissement.

Amown est à la fois un architecte et un homme habile à l’œuvre.

Emuwnah est à la fois fidélité et accomplissement.

Aman est un gouverneur, mais aussi une nourrice, un artiste ou encore un déplacement dextrorsum !

Voyez par vous même tous les liens que nous pouvons créer, tout le sens que nous pouvons ajouter à notre démarche en général, et à nos gestes et paroles en particulier.

Je pourrais continuer ainsi, mais vous pouvez tout aussi bien consulter les pages adéquates dans l’ouvrage De l’Art Royal à l’Homme Royal de Nomis.

Allez, juste un dernier exemple qui, pour moi, est une précieuse perle de la langue hébraïque. Il s’agit de Emeth qui est le nom le plus usité pour l’idée même de vérité.

Mais pour celles et ceux qui entendent bien Emeth, il est « A-Moth », c’est-à-dire Aleph dans la mort. Les Adam (Aleph dans le sang) en quête de Vérité (Aleph dans la mort) que nous sommes devinent alors tout le chemin de leur existence de cherchant…

Note : De Adam (1-4-40) à Emeth (1-40-400), est exposé tout le cycle de l’existence (4-40-400) de l’initié (sous l’égide du 1) en une seule équation. En hébreu ancien, Admatha (1-4-40-400-1000) signifie un témoignage…

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