Toute maçonnerie trouve sa justification dans la construction d’un monde harmonique. Un monde qui respecterait des lois que l’on qualifierait d’universelles. Un monde où les idées et les actes seraient conformes aux règles posés par « le Grand Architecte de l’Univers. » C’est par la radiance de son verbe qu’il crée le monde selon son image et ce qu’il est… dit-on !
Cette dichotomie existentielle pose problème au chercheur sincère et authentique car si l’Homme est séparé de sa nature « divine » et vogue durant sa vie éphémère dans un espace-temps qu’il aura du mal à comprendre, à intégrer et à incarner, il porte en lui l’étincelle, la pulsation et le rayonnement de son créateur.
Sa famille matricielle lui a offert le creuset dans lequel sa vie a pu prendre forme, substance et matérialité, mais il est bien plus que cela car en lui sommeille un être qui ne demande qu’à éclore…
La maçonnerie de Tradition professe cela et devrait former des Sœurs et des Frères conscients de cette bivalence. Nous sommes sur les chemins de la voie de la réalisation ayant parcouru les mondes. Nous inventorions et visitons tous les chemins des croyances, des convictions, des certitudes.
Nous devenons des êtres libres de tout asservissement.
Nous nous approchons des espaces infinis dans lesquels notre voyage continue vers des densités nouvelles.
L’apprenti, extirpé du monde profane, entame un premier voyage souterrain où toutes les déstructurations s’opèrent. Les symboles de la mort président à son voyage, des lois nouvelles sont suggérées, alchimiques celles-ci (il aura pu constater la présence du soufre, du sel et du mercure), kabbalistiques en passant entre les colonnes Boaz et Jakin.
Sa propre situation dans l’univers lui est confirmée. Il est debout !
Il n’est certes que poussière.
Sa finitude est inscrite dans son histoire, la tête de mort et les tibias sont là pour l’affirmer. Et pourtant, ce qu’il vit, alors, c’est la certitude que d’autres mondes lui sont accessibles. Quittant sa vie profane, il doit transcrire son testament, inutile et dérisoire car il ne connaît pas le moindre point sur son devoir par rapport à sa vraie destinée.
Une injonction lui est donnée : V.I.T.R.I.O.L., Visita Interiora Terrae, Rectificandoque, Invenies Occultum Lapidem. (Vera Medecina). Sorti du cabinet de réflexion (représentant l’élément Terre) l’impétrant qui veut accéder à nos mystères doit accomplir les 3 autres voyages élémentaires au REAA (Eau, Air, Feu) dans l’état d’un parfait dénuement.
Que cela signifie-t-il ?
C’est la vertu de toute initiation de nous faire comprendre le sens de notre existence, de nous retrouver dans notre ultime essence. L’initiation est là pour observer l’inconnu que nous sommes pour nous-mêmes.
Le Franc-maçon est un être de désir et cherche passionnément la « Gnose ».
Cette recherche le contraint à une rupture dans la vie de tous les jours.
Ainsi, le franc-maçon décide de se connaître lui-même et dans cette distanciation nécessaire entre le monde qu’il côtoie et celui qui naît de sa progression maçonnique, il se sent quelque peu désorienté. Pourtant, il s’est décidé à tenter la grande aventure sur un chemin où ses référentiels habituels n’ont plus d’intérêt. Il n’est plus seul car, s’il entreprend le grand voyage d’un cœur pur, sans arrière-pensée intéressée, dès les premiers pas, une douce lumière dirige sur lui ses rayons bienfaisants.
Pourtant, cette lumière, il ne la voit pas.
Trop de voiles recouvrent encore sa vision et la lumière ne peut encore pénétrer jusqu’à la chambre du cœur. Il devra, alors, éliminer toutes les pensées qui masquent le sanctuaire ; sa solution ne consistera pas à acquérir de nouvelles connaissances, mais à éliminer tout ce qui a rendu inefficace sa vision sur son chemin et toute cette part d’accumulation d’expériences inutiles.
Dès lors, le Maître l’accompagnera pour se présenter à la porte du sanctuaire.
La Gnose est la seule Porte qui peut nous ouvrir aux processus vitaux, à la mortification, à la genèse du Grand Œuvre. Seul ce sacrifice, ce broyage intérieur, conscient et responsable du moi septuple, du moi entier, l’intérieur et le supérieur, cette impuissance fondamentale, cette innocence des premiers jours est acceptée par la Lumière des lumières, la Gnose. Il s’agit, alors, d’être élève d’un apprentissage qui confesse intérieurement son propre état, qui accepte, maintenant ce qu’il est sans duplicité !
Les 33 vertèbres de sa forme animale s’apaisent, alors, sans forcer, une nouvelle colonne va pouvoir s’ériger, le vieux serpent de feu, la vieille colonne de mercure se posent afin de laisser l’intelligence, la lumière du nouveau matin, circuler dans ce vieux corps moribond.
Homme connais-toi, toi-même !
La mise en tension du Temple s’effectue par le positionnement du fil à plomb qui symbolise les forces d’attraction cosmiques, potentiellement latentes, et la force de cohésion pour tout univers manifesté, son oscillation nous enseigne sur la nature du monde manifesté. Tout revient à l’équilibre … instable ! « Unité, Stabilité, Continuité » : il est l’axis mundi de notre existence.
A la lumière des connaissances scientifiques d’aujourd’hui, nous savons que notre réalité dépend de la qualité de la « constante de structure fine ». Les scientifiques vont encore plus loin dans leur conviction en supposant que la totalité du monde manifesté provient seulement de la lumière émise par l’univers. Cette dernière, si infime soit-elle (10%) par rapport à la masse totale de l’univers, serait donc notre berceau, la lumière porteuse d’une information responsable de l’évolution de la matière et porteuse de Vie. C’est la Materia Prima des alchimistes et le Soufre primordial des égyptiens.
Comme, chacun le sait, notre planète est entourée d’une ceinture d’énergie.
Elle en produit (courant tellurique), elle en reçoit (courant cosmique).
De la même manière, il existe une constante qui caractérise l’aptitude des organismes vivants à échanger sur le plan énergétique avec leur environnement, et ce quelque soit la forme de vie.
Dès lors, le cherchant s’aperçoit qu’il est bien le résultat d’un agencement de l’univers précis et il est, donc, par sa conscience, bien relié au divin.
Dans presque tous nos temples, le Triangle est présent, coupe de la Pyramide ésotérique. Quelle que soit la forme du triangle retenu, la Loge reste bien le symbole d’un fondement trinitaire de toute expression du réel, de la première manifestation phénoménique de la Création de l’Homme nouveau : libre et souverain !
Les trois Grandes Lumières désignent, non pas une radiance au sens physique du terme, mais un faisceau de références absolues pour tout maçon, n’existent pas sans la flamme éternelle.
Alors, le cherchant pose clairement devant lui cette quadrature essentielle de la « carte et du territoire », le « néant », fort de ses potentialités, est dans « l’Unité » et la « Stabilité ». Rien n’est encore « mouvement » !
L’esprit est dans la gestation d’un devenir, non encore exprimé.
Le Vénérable Maître, avec une concentration profonde, construit l’environnement symbolique nécessaire pour s’insérer dans l’œuvre alchimique qui se déroule inexorablement. Le temple va devenir matriciel, il va, grâce au développement du rituel, permettre « l’adombrement » des frères et sœurs qui sont présents (L’adombrement est un processus par lequel la conscience d’un Maître pénètre temporairement les corps physique, émotionnel et mental d’un disciple et travaille par leur intermédiaire. C’est un processus qui nécessite l’assentiment et la coopération du disciple).
Le Vénérable Maître va distiller en eux, au moyen de l’animation de ses représentations symboliques, les ferments nécessaires à la prise de conscience, transformant le Maçon lui-même en puissance ésotérique, puissance qui sera libérée par la parole, alors, la magie du partage, des échanges, se confronteront.
La Loge devient, alors, le réceptacle de la lumière d’Orient.
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