Être… une fois !

Gravure sur pierre d'un bras et d'une main, évoquant des symboles traditionnels ou historiques.
Symbole gravé sur pierre

Plongez dans la quête spirituelle en franc-maçonnerie et découvrez comment elle peut transformer votre vision de la vie, de la mort et de l’amour, vous guidant vers une harmonie intérieure.

La quête intérieure de l’Être

Où habitait mon Être ? Où le trouver ? Où battait son cœur éternel ?

De nombreuses traditions m’expliquent que cet Être est à l’intérieur de moi, dans mon moi, dans mon tréfonds, au plus bas que je puisse descendre le long de ma perpendiculaire.

Mais, où est ce moi ? Où est cet intérieur ?

A l’évidence, ce n’est ni ma chair, ni mes os, ni encore ma pensée, mon intellect s’il existe. Était-ce ma conscience, cette conscience que privilégient les Maçons ? Et puis, comment faire pour pénétrer jusqu’au moi, jusqu’à moi ?

Personne ne peut le montrer ce chemin, personne ne le connaît. Ni mon père, ni ceux que j’ai choisi pour maîtres, ni les sages d’aucune tradition, ni encore moins les saints. Oh, je sais les maîtres se sont occupés de la création du monde, des origines de nos symboles, de notre langage, de notre écriture, de la meilleure manière de manger, de boire, de respirer, d’aimer…

Connaissent-ils pour autant la seule chose essentielle en ce monde ?

Les écritures et le silence des réponses

Oh, les livres sacrés ne manquent pas, je les ai lu.

Aucune réponse à ma question.

Nombreux sont les poèmes qui ont tenté de me faire ressentir qui je suis. J’ai toujours été sensible à cette énorme accumulation de connaissances produites par d’innombrables générations. Malgré de nombreux contacts avec des sages, des savants, des érudits, toujours pas de réponse !

Ont-ils vécu dans le bonheur ? Ont-ils connu la paix ? De manière fugace, certainement !

Oui, c’est difficile de chercher, d’avoir soif de vérité.

Rituels et quête de l’Être

Dois-je me désaltérer aux sources sacrées ? Dois-je me tremper dans le sacrifice ? Dans la méditation transcendantale, dans la contemplation ? Des ablutions me seraient-ils utiles surtout si je les accomplis plusieurs fois par jour ? Ou dois-je me flageller ? Aller vivre en ermite au fond d’une grotte, en haut d’une « quéra » corse ou dans une clairière de la forêt de Brocéliande ?

Après tout, l’Être n’est peut-être pas en moi.

La Source de Vie ne coule peut-être pas dans mon cœur.

Dualité et chemin de l’initié

Suis-je l’homme de Jehovah ou celui de Satan ?

Pourtant, souvent, lors de mes recherches, j’ai eu l’impression que l’Être était tout proche sans jamais, toutefois, le toucher. Certains sages m’ont confessé qu’ils ressentaient la même chose que moi. Est-ce le lot du cherchant ?

Où est le chemin ? Où est le commencement du sentier ?

Est-il derrière l’âne aux sabots étincelant à chaque pas ?

J’en ai choisi un (de sentier), il y a quelques années. Rapidement, j’ai compris que la seule façon était de vider mon cœur de tout son contenu, de ne plus avoir d’aspiration, de désirs, de rêves. Plus rien ! Il fallait mourir à moi-même.

Ne plus être moi, mon égo étant trop fort aux dires de certains. Il me fallait chercher la paix dans le vide de l’âme et ainsi ouvrir, enfin, la porte au miracle que j’attendais. Il fallait que je devienne souffrant, comme cela est exprimé dans le Rite Ecossais Rectifié.

Connaissance et rencontre avec le Maître

Je dois reconnaître que j’ai appris énormément sur moi, sur les autres, sur le fonctionnement du monde. Mais, fuir de moi, c’était échapper pour quelques instants aux tourments de mon être, c’était endormir, pour un temps très court, trop éphémère, la douleur et oublier les extravagances de la vie. J’ai rapidement eu le sentiment que je m’étais éloigné de la sagesse et de la délivrance. J’avais quitté la science alors que j’avais encore beaucoup à apprendre, j’avais encore beaucoup à faire pour m’élever en spirale vers le ciel. L’essentiel, la voie qui, entre toutes les voies, doit me mener au but, je ne la trouverais jamais !

J’avais même le sentiment que je ne pourrais rien apprendre. J’ai cru que ce que l’on appelle « apprendre » n’existe pas. Il n’y a qu’un savoir et qui est partout, il est en moi, en tous les êtres de cette terre et même au delà certainement : l’action de vivre. Il n’est pas de plus grand ennemi du vrai que de vouloir savoir à tout prix, d’apprendre !

A ce moment de ma vie, j’ai eu la chance de rencontrer un Maître.

Le Maître et l’héritage spirituel

Son enseignement commença à bord d’une felouque égyptienne. Il avait la puissance, le souffle pour guérir ceux qui étaient frappés du mal. C’était un sage, un savant. Il n’utilisait aucun sacrifice, il exécrait les miracles, mais il avait vaincu le diable, il connaissait les neters, la transmutation des métaux, la puissance des vibrations. Il semblait être la source d’où jaillissaient les consolations, la tendresse, les nobles promesses. Toutefois, il était comme un messie récalcitrant. Il ne voulait pas d’adepte, il ne désirait qu’un continuateur, qu’un transporteur de tradition. Ascète, il avait créé une doctrine, il enseignait un ensemble global de conceptions d’ordre théorique.

Il mourut trop tôt, au mauvais moment de ma vie, ou au meilleur, car je commençais à me méfier et me lasser des doctrines et de tout ce qui s’apprend. Ma foi en les paroles des maîtres était bien faible. Je ne désirai pas marcher sur l’eau ni me « jeter sur le premier Jésus qui passe », comme le dit si bien le poète Cabrel !

Les Maîtres et l’apprentissage solitaire

Puis, j’ai rencontré tant de cherchants « passionnés » par le symbole, le temps de deux ou trois travaux, juste de quoi devenir maître, puis ils avaient la plénitude des droits attachés à la maîtrise, et ils pouvaient, enfin, être absents…

J’en ai rencontré de nombreux, des « maîtres 50 », des faux qui ne savaient rien, des intolérants, des charlatans, des commerçants… A telle enseigne que, souvent, j’ai regretté mon bon maître. Au moins lui, savait ! Il était la sérénité même. Ce fut le seul homme devant lequel j’ai baissé les yeux !

Dans la difficulté, dans le doute, je me remémorais ses paroles, je tentais de reprendre les notes de son enseignement. Cela n’était pas facile, mais après tout, j’avais voulu y arriver seul, par orgueil certainement. Je devais faire l’expérience de la solitude. Je m’étais aperçu que ceux qui m’entouraient, tout comme moi, faisaient des rêves trop blancs ou trop noirs. Et comme le dit le poète, j’avais trop envie de « faire moi-même le mélange des couleurs », du propre mouvement de mon âme.

Puissè-je suivre ce chemin jusqu’au bout et trouver la délivrance !

Interrogations existentielles et engagement

Mon esprit était toujours pris par des questions sans réponses.

La vie est-elle une souffrance ou une joie ?

Qu’est-ce que l’unité du monde ?

Doit-on chercher l’Unité alors que ce monde est dual ?

L’unidualité (l’équilibre) n’est-elle pas la seule possibilité ?

Quel est l’enchaînement de tout ce qui se passe ?

Dois-je devenir ou mourir ?

Je sentais profondément que mon devoir était d’affranchir l’homme de sa souffrance. Alors, j’ai choisi de militer, dans un parti humaniste, dans des associations d’alphabétisation, dans l’Obédience qui m’avait accueilli, dans mes entreprises dans lesquelles je tentais d’enseigner la volonté, le goût du travail bien fait, la liberté et la responsabilité.

Je marchais vite, je courais même !

Réussite, désillusion et sagesse acquise

Les honneurs pleuvaient, la réussite sociale aussi, le tour du monde, les belles voitures, les grands restaurants, … les fautes, les erreurs aussi, encore plus importante pour un homme qui se disait « conscient ». Rien n’est l’œuvre des démons, car ils n’y en as pas ! Parmi les hommes, le cherchant apprend ! Les joueurs de poker disent : « il faut payer pour voir ».

Oui, mais l’écœurement m’habita souvent, mais jamais le petit oiseau qui chante dans ma poitrine ne fut mort. Il est bon, sain et très utile d’avoir appris à ses dépens ce qu’on a besoin de savoir. Les plaisirs du monde et les richesses ne valent pas grand-chose. J’en ai fait l’expérience. Je le sais à présent par ma mémoire, mes yeux, mon cœur.

Ainsi, à chaque pas que je faisais, y compris dans celui de l’erreur, j’apprenais quelque chose de nouveau. Je connus le mensonge, la trahison, l’arrivisme de ceux qui ne cherchent qu’à glaner quelque subsides bien médiocres, des titres, un degré de plus, des sautoirs, des médailles. J’appris à mes dépens que les convictions sont rares. L’obéissance et la courbure de l’échine sont consubstantiels à la vie de l’homme ; rares, très rares sont ceux qui vivent debout.

Debout, il est vrai, on reçoit les coups, mais les coups qui frappent et qui ne tuent pas nous donnent la sagesse, la force et la beauté de continuer.

La persévérance et l’illumination maçonnique

Un cherchant, malgré les difficultés, n’a pas le choix, il doit continuer.

Rappelons-nous que « La Franc-Maçonnerie est la communauté d’esprits contradictoires dès lors qu’il y règne la sincérité et la fraternité entre ses adeptes. Le Pacte maçonnique est la participation en toutes circonstances, même si cela est difficile, au Centre de l’Union des esprits nécessairement contradictoires … » (Extrait de notre Principe 12).

En fait, j’avais oublié que chez moi c’était la Loge, la communauté initiatique, celle qui révèle chacun de nous à l’autre, le seul lieu où la conversion du regard est possible. Le sens et l’être n’étaient point quelque part derrière les choses, mais en elles, en tout.

Que j’ai été sourd et borné !

Quand on lit une écriture dont on veut comprendre le sens, on n’en dédaigne pas les signes et les lettres, on ne voit point en eux un leurre, un effet du hasard, une vulgaire enveloppe, mais on les lit, on les étudie lettre par lettre, on les aime !

Au moins, le symbole m’a donné à moi-même. Il dit : « Laisse la Nature t’enseigner. »

Révélation et harmonie avec la nature

Alors, je vis le soleil se lever au-dessus des montagnes boisées et se coucher derrière, la nuit, les étoiles et le croissant de lune. Je pris au creux de ma main la rosée, le matin, sur les buissons et le chardon. Je respirais tellement quand la brise fraîche frappe mes narines et j’ai senti la vie entrer dans mes poumons.

Qu’il est beau le monde pour qui le contemple ainsi, naïvement, simplement, sans autre pensée que d’en jouir en le respectant.

La sagesse, finalement, n’est qu’une prédisposition de l’âme, une capacité, un art mystérieux qui consiste, à chaque instant de la vie, à sentir l’Unité partout, à s’en pénétrer comme les poumons de l’air… jusqu’à l’auto-réception de nos sentiments.

Cesser de lutter contre et cesser de souffrir !

Chaque erreur porte déjà en soi sa grâce, tous les petits enfants ont déjà le vieillard en eux, tous les nouveaux-nés la mort, tous les mortels la vie éternelle. Aucun être humain n’a le don de voir à quel point son prochain est parvenu sur la voie qu’il suit… Être pour Aimer, cela suffit !

Ou Aimer pour Être ?

Alors, les cherchants furent 1, puis 2, puis 3, …

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